👤

FRstudy.me offre une plateforme collaborative pour trouver des réponses. Obtenez des réponses précises et complètes à vos questions de la part de notre communauté de professionnels bien informés.

Ernest Pépin
- Coulée d'or », Traces d'école
Ernest Pépin, poète et romancier guadeloupéen contemporain évoque son enfance partagée entre la tradition antillaise représentée par sa grand-mère et la France métropolitaine imposée par ses parents enseignants.
, C'est à cette époque qu'une maladie étrange fit des ravages dans mon cerveau. Je contractai la rage de lire, de cour lire, de lire matin, midi et soir. Et lorsque toutes les lumières étaient éteintes, je me confectionnais une tente avec mon drap et un balai et je m'usais les yeux 5 à la lucur d'une corche électrique. Le monde des histoires supplantait la réalité du monde. Je m'y plongeais avec toute la passion d'un pécheur de perles. J'épousais la vengeance du comte de Monte Cristo. Je pleurais sur les malheurs de Gervaise. J'épuisais des chevaux avec d'Artagnan. Le nez et le panache de Cyrano de Bergerac devenaient mon nez et mon 10 panache. Je me prenais pour l'Aiglon, pour Mozart, pour le Cid. Sans avoir visité la France j'avais respiré l'odeur de la Beauce, j'avais habité les ports de Pierre Loti, j'avais entendu la chanson des cigales de la Provence d'Alphonse Daudet, j'avais plongé dans les égouts de Paris de Victor Hugo. La bibliothèque du collège était là, à portée de main et je m'y goinfrais comme les géants de Rabelais. Parfois, je ne comprenais rien, je lisais quand même. Boris Vian, Jean-Paul Sartre, Malraux, Steinbeck.Hemingway et le plus étrange c'est qu'il y avait toujours un pasage qui me marquait, qui sortait des pages du livre pour mener sa vie dans mon imagination. 1
Mes rédactions s'en ressentaient. On avait beau me demander :
• Racontez votre soirée de Noel - ou - Faites-nous part d'une expérience que vous avez vécue », toujours je m'envolais dans un monde de dinde et de marrons glacés, de sapins et d'ifs, de cathédrales gothiques, de quais de gare et de bonhomme de neige. Un jour, un de mes maitres brisa la
25 précieuse porcelaine de mon univers.de gare et de bonhomme de neige. Un jour, un de mes maitres brisa la 25 précieuse porcelaine de mon univers.
- Emest, combien de temps avez-vous vécu en France?
- Je nai jamais vicu en France, monsicur !
- Alors pourquoi vous ne parlez jamais des réalités de la
Je demeurais bouche ouverte comme un rébé (un idiot). Au fond de moi-mème je pensais que le maitre n'avait rien compris. Pour moi les réalités de la Guadeloupe n'étaient pas des réalités livresques. Elles n'avaient done rien à faire à l'école puisque l'école c'était le royaume des livres. Le cochon que je voyais ne pouvait entrer dans un livre mais tous 35 les paons, les cigognes que je ne voyais pas m'enchantaient parce que je les avais connus par l'intermédiaire de beaux mots et de belles histoires.
Les question


Ernest Pépin Coulée Dor Traces Décole Ernest Pépin Poète Et Romancier Guadeloupéen Contemporain Évoque Son Enfance Partagée Entre La Tradition Antillaise Représ class=

Sagot :