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Sagot :
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Par définition, l’échange représente un acte de transaction entre au moins deux parties : l’une donne quelque chose (un objet, un bien, un service, une parole) et reçoit en retour quelque chose de la part de l’autre, et réciproquement. Or, lorsque l’on donne en vue de recevoir, cela présuppose que nous avons effectué une sorte de calcul à l’avance et que nous avons prévu d’obtenir quelque chose, de tirer avantage de la situation. Autrement dit, nous sommes intéressés à l’échange, nous satisfaisons un intérêt propre en échangeant avec autrui, l’intérêt désignant l’avantage que nous espérons pour nous-mêmes. L’exemple type est, bien entendu, celui de l’échange au sens économique du terme qui n’est jamais gratuit, donc jamais désintéressé.
Mais peut-on toujours rapporter l’échange à la poursuite d’un intérêt ? Il semble que cela ne soit pas possible.
Par exemple, l’échange verbal – la communication – n’est pas toujours orientée par la recherche de l’intérêt personnel. Il nous arrive de parler pour le plaisir de parler sans que nous ayons par avance déterminer ce que cela allait nous (r)apporter. Mais, précisément, dans ce cas, ne s’agit-il pas d’une forme d’illusion que de croire qu’un échange puisse ainsi être désintéressé ? Ne faut-il pas affirmer que nous avons toujours un intérêt quelconque, même inconscient, à pratiquer l’échange ? À moins que nous puissions proposer une autre définition de l’échange, qui n’impliquerait pas nécessairement une réciprocité automatique entre les parties et, dans ce cas-là, l’échange pourrait peut-être se rapprocher de la définition du don.
Première partie. L’échange implique la poursuite d’un intérêt.
Comme vu dans l’introduction, l’échange implique de donner pour recevoir. Ce n’est pas un acte gratuit.
Le modèle est celui de la transaction commerciale. Quand un commerçant fait une réduction, ce n’est jamais de cadeau dont il est question : il change les termes de l’échange mais celui-ci continue de lui être profitable et de satisfaire son intérêt (en l’occurrence il a intérêt à vendre à moindre prix plutôt qu’à ne pas vendre du tout). De même, l’échange verbal est motivé par l’intérêt que l’on a se faire comprendre ou bien à faire bonne impression, à convaincre, voire à dominer son interlocuteur.
On évoquera aussi l’échange de signes de politesse. Quand je tiens la porte à quelqu’un, j’en attends en retour une marque de gratitude qui me fait du bien : je me sens important aux yeux des autres, je suis fier de moi de m’être bien conduit etc. J’ai témoigné de l’attention à l’autre pour qu’il m’en restitue en retour.
Deuxième partie. Tout échange n’est pas intéressé.
Il serait réducteur de faire de l’échange économique la norme et le modèle de toutes les autres formes d’échange. Beaucoup de moments de notre vie sociale sont caractérisés par une forme de gratuité : l’amitié, l’amour, les relations familiales ne sont pas pratiquées en vue de tirer un avantage personnel déterminé à l’avance. Ceci serait contradictoire avec la définition de l’amitié par exemple : on n’est pas ami avec quelqu’un parce qu’il est riche ou alors ce n’est pas véritablement de l’amitié.
Tous ces types de relations aux autres impliquent pourtant des formes d’échange. L’amitié se nourrit de l’échange de points de vue, d’expériences, d’attentions pour les autres etc.
Troisième partie. Le don, un échange sans obligation de réciprocité.
La notion de don permet d’échapper à l’objection que l’on pourrait faire à l’argument développé en deuxième partie et qui consisterait à dire que l’intérêt personnel peut être présent bien qu’inconscient et que, dans le cas de l’amitié, on a quand même un intérêt à privilégier une relation avec telle personne plutôt que telle autre, sinon comment expliquer que l’on ait plus de rapports avec certains au détriment d’autres. En effet, le don est un échange mais sans automaticité d’un retour : je donne mais sans savoir ce que l’on me rendra, ni comment, ni quand. Le don appelle un contre-don mais la forme de celui-ci reste largement indéterminée et on ne peut donc pas l’anticiper et calculer par avance son intérêt.
Conclusion.
Avec le don – le fait de donner quelque chose gratuitement –, nous sommes en présence d’un paradoxe puisqu’il s’agit d’une forme d’échange d’autant plus riche et précieuse que nous l’effectuons sans attente particulière en retour. Autrement dit, le don nous apporte quelque chose – du partage, de la joie, de l’affection, etc. – parce que, précisément, nous n’en espérons rien de particulier.
Ce qui nous autorise à dire que, si le don est, par définition, un acte gratuit, il n’est pas sans effets et sans retour : manifestation de gratitude, cadeau en retour, cohésion sociale etc.
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