Chère mère,
ça paraît drôle d'appeler ainsi une personne qui vous a abandonné à la vie sans aucune pitié ni miséricorde. Mais que pourrais-je faire ? J'ai toujours appris à respecter les adultes, et c'est une preuve que je me suis bien débrouillée toute seule sans vous. Vous osez m'écrire, alors que vous m'avez laissée toute seule me battre contre le monde il y a vingt ans, mais vous savez quoi ? Je ne suis pas si faible que ça ! J'ai réussi à payer les dépenses de mes études, et ce en travaillant à arrache-pieds. J'ai subi toutes les moqueries de mes camarades, et tous les regards méprisants des gens. Après mon douzième anniversaire, mes parents adoptifs m'ont viré de sous leur toit, alors je me suis mise à entamer des night-jobs pour enfin pouvoir m'acheter une minuscule chambre qui suffit à peine à une personne. Malgré tout, j'ai été une bonne élève, je travaillais sérieusement et j'avais des bonne notes, l'établissement a décidé alors de réduire les frais de mes études, vu mes états financiers. Aujourd'hui, j'ai vingt-trois ans, j'ai un bon travail, un bon appartement, un bon copain, et je n'ai plus besoin de vous. Vos explications sont à présent inutiles et ne servent plus à rien, et malgré tous ce que vous direz, je serais toujours convaincue que je n'ai jamais eu besoin de vous, et je suis bien contente de ma décision, alors je vous prie de ne plus jamais m'écrire, je vivrai ma vie, et j'espère que vivrez aussi votre vie.
Stéphanie
