Les inégalités socioéconomiques entre les ménages qu’introduisent les trois facteurs que nous avons analysés (les caractéristiques linguistiques et de composition des ménages d’abord, la segmentation spatiale du développement économique ensuite, l’appartenance ethnique enfin) frappent par leur étendue. Pris indépendamment, tous produisent une différenciation considérable dont l’amplitude, à peu près équivalente pour les trois, couvre les deux tiers environ de l’échelle sociale, telle qu’elle est restituée par le premier axe. Cependant, il faut souligner à nouveau que les centres de gravités des trois nuages de points sont très nettement décalés. Dans l’ordre des conditions sociales croissantes, se succèdent le point moyen des ethnies (ensemble des ménages indigènes locuteurs), celui de l’ensemble des ménages indigènes et enfin celui de l’ensemble des ménages mexicains (à l’origine du plan). C’est ce décalage qui donne la mesure du handicap socioéconomique ‘brut’ des différentes catégories de ménages indigènes. Mais il ressort tout aussi clairement de l’analyse que ces trois facteurs de différenciation sociale ne sont pas indépendants. Il y a au contraire des liaisons statistiques fortes entre les gradients : depuis le bas de l’échelle sociale, où coïncident l’identité linguistique la plus traditionnelle et homogène au niveau des ménages, l’appartenance aux ethnies les plus défavorisées et les contextes territoriaux les plus marginalisés du développement économique et social, jusqu’à l’autre extrémité de la hiérarchie des conditions de vie, où se rejoignent les ménages aux caractéristiques identitaires les plus métissées, les ethnies plus mobiles ou mieux intégrées par leur dynamiques migratoires aux espaces centraux ou réticulaires de l’activité économique et les territoires les plus développés. Quelle est la part spécifique de chaque facteur (différences ‘nettes’) dans l’explication des différences brutes observées pour l’ensemble des ménages indigènes et entre eux ?