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Sagot :
La limitation de la liberté d’expression semble au
départ critiquable : la liberté d’expression est l’une des libertés
fondamentales, garanties par la Déclaration des droits de l’homme et du
citoyen ; l’Etat a donc pour fonction de la protéger, pas de la
restreindre. Limiter la liberté d’expression, c’est justifier la censure, voire
(si l’Etat censure tout discours qui ne coïncide pas avec son discours) la propagande. [Seconde
réponse, également justifiée.] Pourtant, ne pas limiter la liberté
d’expression semble également impossible ; l’expression est un acte (une parole n’est pas simplement
une pensée), et comme tel il peut porter préjudice à autrui. Autoriser les
propos les plus violents, les plus choquants, les plus agressifs, c’est donc
légaliser tout un ensemble d’actes contraires au respect des droits des
individus. [Optionnel : formulation
de la problématique] La question est donc de savoir à quelles conditions et pourquoi
il peut être légitime de limiter la liberté d’expression. Nous venons de voir que, pour Spinoza, les exigences
de la vie en société n’impliquaient, ni que les individus renoncent à leur
liberté de pensée, ni qu’ils renoncent à leur liberté d’expression. Toutefois,
Spinoza limitait l’usage de la liberté d’expression, qui ne devait être soumis
qu’à la raison, sans aucun recours aux passions. On peut proposer une autre approche de cette question,
en montrant que d’un point
de vue républicain, la liberté d’expression doit être limitée par des règles
qui garantissent sa compatibilité avec le respect des droits et libertés
d’autrui. D’après la Déclaration des droits de l’homme et du
citoyen (1789), tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en
droits. Ceci implique que l’usage qu’un individu fait de l’un de ses droits ne
peut pas empêcher autrui d’exercer ce même droit, ni aucun autre de ses droits
fondamentaux. La liberté n’a pas d’autres bornes que celles qu’impose le
respect de celle d’autrui : je dois donc limiter la liberté d’expression,
dès qu’elle peut porter préjudice à l’un des droits fondamentaux d’autrui tels
que les droits à la dignité, la liberté, la vie privée, voire (bien que ce
droit ne soit pas mentionné dans la Déclaration) la sécurité. La liberté d’expression peut porter atteinte au
respect de la dignité d’autrui : c’est le cas, notamment, des propos racistes
tels que « les asiatiques sont des sous-hommes », que je dois donc
interdire. Elle peut également entrer en conflit avec le respect de l’égalité,
dès que j’affirme (par exemple) des propos discriminatoires tels que :
« les femmes sont incapables de voter, étant moins intelligentes que les
hommes ». La liberté d’expression peut également porter atteinte à la vie
privée, ou à l’intégrité physique et/ou morale d’un individu ; c’est le
cas (par exemple) des propos diffamatoires, qu’il est légitime d’interdire.
Enfin, la liberté d’expression peut porter atteinte à la sécurité
d’autrui : c’est ce qui justifie le « secret défense » (dans le
cas de la sécurité nationale), ou la plupart des « secrets
professionnels » tels que le secret de la défense (qui garantit à tout accusé
d’être défendu efficacement). La liberté d’expression peut donc être limitée, mais
seulement au nom du respect des droits et libertés fondamentaux des
individus ; car ce n’est que dans la mesure où une liberté peut porter
préjudice à la liberté qu’elle doit être limitée. La liberté de chacun ne doit
avoir d’autre limite que celle de tous. Cette position est la position républicaine, et c’est
celle qui découle de la Déclaration. Son application peut cependant être complexe,
comme c’est le cas dans le registre artistique. Par exemple, doit-on soumettre
une œuvre de fiction, comme un roman,
à l’interdiction visant tous les propos racistes, xénophobes, etc. ? Il
sera dans ce cas difficile d’écrire un roman historique (au sein duquel
figureraient, par exemple, des membres de la Gestapo). Inversement, peut-on
autoriser n’importe quel propos sous
prétexte qu’il appartient à une œuvre de fiction ? On voit ici le type de
problème que pose cette liberté très particulière qu’est la liberté « de
création ».
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