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analyse de l'ouvre de Malevitch carré noir et carré rouge


Sagot :

Mark Rothko, comme Barnett Newman, a une haute idée du rôle de l’art, et se met comme lui dans la position d’inventer la peinture en se débarrassant de la tradition et de tout référent. Dès le début des années 1950, délaissant des influences surréalistes, ce qui était aussi le cas de Newman, ses compositions de grand format se résument à l’agencement de deux ou trois rectangles aux contours évanescents disposés les uns au-dessus des autres. Progressivement, il réduit les couleurs ainsi que les contrastes de valeur − la palette vive de ses premiers grands tableaux ne faisant, pense t-il, qu’égarer le spectateur − et limite la composition à des formes géométriques. Rothko ne veut plus toucher chez le spectateur sa perception, mais son cheminement intérieur. Ainsi, recommandait-il que ses toiles soient exposées sur des murs peu éclairés afin que leur lumière puisse irradier de leur profondeur.
Le motif du carré peint d’une seule couleur apparait chez Malevitch en 1913 dans les décors et les costumes réalisés pour l’opéra cubo-futuriste La Victoire sur le soleil, de Matiouchine. En décembre 1915, il présente parmi 39 œuvres suprématistes son premier Carré noir et son Carré rouge à l’exposition « 0,10 » (Zéro-Dix). Dernière exposition futuriste de tableaux, où s’affichent toutes les surenchères avant-gardistes de l’époque. [4]Comme le montrent les archives photographiques de l’exposition, le Carré noir est exposé en hauteur, à l’angle de deux murs, place traditionnellement réservée aux icônes dans les maisons russes – ce qui passe aux yeux du public pour blasphématoire. À le regarder cependant, noir, le carré ne l’est pas entièrement, il est entouré de marges blanches qui rappellent le rapport classique d’une forme et d’un fond.Pourtant, Malevitch ne semble pas le voir ainsi. Dans son texte Du cubisme au suprématisme. Le nouveau réalisme pictural(commencé en 1913 et publié en 1915) où il théorise le suprématisme, il n’évoque pas les marges de son Quadrangle, titre original qu’il donne à son œuvre, et qu’il date de 1913.
Le Carré noir n’est-il que l’une des formes-plans (si on se fie à la date donnée par le peintre) ou l’aboutissement de ses compositions suprématistes dont le but est de libérer la peinture du monde des objets ?
Avec ses marges blanches, le Carré noir n’est pas un monochrome ; et s’il n’est pas entièrement noir, carré il ne l’est pas non plus. Rares sont ceux qui, aujourd’hui, l’ont vu, car il n’est jamais sorti des réserves, depuis 1929, de la galerie Tretiakov à Moscou. Mais ses exégètes en attestent : ses qualités picturales, sa facture, sa forme et sa présence en font plus qu’une simple idée ou qu’une proposition radicale dans un contexte social et artistique révolutionnaire.