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Dans le texte suivant, relevez les mots qui font partie du champ lexical de la perception.

Je sentis avant de penser ; c’est le sort commun de l’humanité. Je l’éprouvai plus qu’un autre.
J’ignore ce que je fis jusqu’à cinq ou six ans. Je ne sais comment j’appris à lire ; je ne me
souviens que de mes premières lectures et de leur effet sur moi : c’est le temps d’où je date
sans interruption la conscience de moi-même. Ma mère avait laissé des romans ; nous nous
mîmes à les lire après souper, mon père et moi. Il n’était question d’abord que de m’exercer à
la lecture par des livres amusants ; mais bientôt l’intérêt devint si vif que nous lisions tour à
tour sans relâche, et passions les nuits à cette occupation. Nous ne pouvions jamais quitter
qu’à la fin du volume. Quelquefois mon père, entendant le matin les hirondelles, disait tout
honteux : allons nous coucher ; je suis plus enfant que toi. En peu de temps j’acquis, par cette
dangereuse méthode, non seulement une extrême facilité à lire et à m’entendre, mais une
intelligence unique à mon âge sur les passions. Je n’avais aucune idée des choses, que tous les
sentiments m’étaient déjà connus. Je n’avais rien conçu, j’avais tout senti. Ces émotions
confuses, que j’éprouvai coup sur coup, n’altéraient point la raison que je n’avais pas encore ;
mais elles m’en formèrent une d’une autre trempe, et me donnèrent de la vie humaine des
notions bizarres et romanesques, dont l’expérience et la réflexion n’ont jamais bien pu me
guérir.


Sagot :

MNT
Je sentis avant de penser ; c’est le sort commun de l’humanité. Je l’éprouvai plus qu’un autre. J’ignore ce que je fis jusqu’à cinq ou six ans. Je ne sais comment j’appris à lire ; je ne me souviens que de mes premières lectures et de leur effet sur moi : c’est le temps d’où je date sans interruption la conscience de moi-même. Ma mère avait laissé des romans ; nous nous
mîmes à les lire après souper, mon père et moi. Il n’était question d’abord que de m’exercer à la lecture par des livres amusants ; mais bientôt l’intérêt devint si vif que nous lisions tour à tour sans relâche, et passions les nuits à cette occupation. Nous ne pouvions jamais quitter qu’à la fin du volume. Quelquefois mon père, entendant le matin les hirondelles, disait tout honteux : allons nous coucher ; je suis plus enfant que toi. En peu de temps j’acquis, par cette
dangereuse méthode, non seulement une extrême facilité à lire et à m’entendre, mais une intelligence unique à mon âge sur les passions. Je n’avais aucune idée des choses, que tous les sentiments m’étaient déjà connus. Je n’avais rien conçu, j’avais tout senti. Ces émotions confuses, que j’éprouvai coup sur coup, n’altéraient point la raison que je n’avais pas encore ; mais elles m’en formèrent une d’une autre trempe, et me donnèrent de la vie humaine des notions bizarres et romanesques, dont l’expérience et la réflexion n’ont jamais bien pu me guérir.