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SA C’EST LE TEXTE
DM des vacances d'hiver
Objet d'étude 3: dénoncer les travers de la société
Séquence 1 : la littérature, témoignage historique
Texte 3: A l'ouest, rien de nouveau, Erich Maria Remarque, 1929 (traduit de l'allemand)
Paul Bäumer, un jeune allemand qui s'est engagé dans l'armée en 1916 se bat sur le front de l'Ouest. Lors des combats, il
se retrouve dans un refuge avec un soldat français, qu'il poignarde. Après une longue agonie, ce dernier meurt auprès de
celui qui l'a tué.
<<
Le silence se prolonge. Je parle, il faut que je parle. C'est pourquoi, je m'adresse à lui en lui disant:
Camarade, je ne voulais pas te tuer. Si, encore une fois, tu sautais dans ce trou, je ne le ferais plus, à condition
que tu sois aussi raisonnable. Mais d'abord, tu n'as été pour moi qu'une idée, une combinaison née dans mon
cerveau et qui a suscité une résolution; c'est cette combinaison que j'ai poignardée. À présent, je m'aperçois
pour la première fois que tu es un homme comme moi. J'ai pensé à tes grenades, à ta baïonnette et à tes armes ;
maintenant c'est ta femme que je vois, ainsi que ton visage et ce qu'il y a en nous de commun. Pardonne-moi
camarade. Nous voyons les choses toujours trop tard. Pourquoi ne nous dit-on pas sans cesse que vous êtes de
pauvres chiens comme nous, que vos mères se tourmentent comme les nôtres et que nous avons tous la même
peur de la mort, la même façon de mourir et les mêmes souffrances ? Pardonne-moi camarade, comment as-tu
pu être mon ennemi ? Si nous jetions ces armes et cet uniforme, tu pourrais être mon frère, tout comme Kat et
Albert. Prends vingt ans de ma vie, camarade et lève-toi... Prends-en davantage, car je ne sais pas ce que,
désormais, j'en ferai encore >>.
Tout est calme. Le front est tranquille, à l'exception du crépitement des fusils. Les balles se suivent de
près; on ne tire pas n'importe comment; au contraire, on vise soigneusement de tous les côtés. Je ne puis pas
15 quitter mon abri.
<< J'écrirai à ta femme, dis-je hâtivement au mort. Je veux lui écrire; c'est moi qui lui apprendrai la nouvelle ; je
veux tout lui dire, de ce que je te dis; il ne faut pas qu'elle souffre; je l'aiderai, et tes parents aussi, ainsi que ton
enfant... >>
Son uniforme est encore entrouvert. Il est facile de trouver le portefeuille. Mais j'hésite à l'ouvrir. Il y a
là son livret militaire avec son nom. Tant que j'ignore son nom, je pourrai peut-être encore l'oublier; le temps
effacera cette image. Mais son nom est un clou qui s'enfoncera en moi et que je ne pourrai plus arracher. Il a
cette force de tout rappeler, en tout temps; cette scène pourra toujours se reproduire et se présenter devant moi.
Sans savoir que faire, je tiens dans ma main le portefeuille. Il m'échappe et s'ouvre. Il en tombe des
portraits et des lettres. Je les ramasse pour les remettre en place; mais la dépression que je subis, toute cette
situation incertaine, la faim, le danger, ces heures passées avec le mort ont fait de moi un désespéré; je veux
hâter le dénouement, accroître la torture, pour y mettre fin, de même que l'on fracasse contre un arbre une main
dont la douleur est insupportable, sans se soucier de ce qui arrivera ensuite.
Ce sont les portraits d'une femme et d'une petite fille, de menues photographies d'amateur prises devant
un mur de lierre. A côté d'elles il y a des lettres. Je les sors et j'essaie de les lire. Je ne comprends pas la plupart
des choses; c'est difficile à déchiffrer et je ne connais qu'un peu de français. Mais chaque mot que je traduis me
pénètre, comme un coup de feu dans la poitrine, comme un coup de poignard dans le cœur.
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