Domination et pouvoir sont des concepts phare de la science politique. L’émergence et le développement de la perspective de genre dans ce champ d’études ont toutefois modifié considérablement la manière d’en concevoir les contours, les lieux et les processus : c’est à ces questions que se consacre la présente notice. En effet, aborder les phénomènes de domination et de pouvoir avec une perspective de genre nous porte inévitablement à renouveler les questionnements sur le fait politique et sur ses dimensions structurelle et interactionnelle.
Les philosophes politiques qui ont conceptualisé les régimes républicains et démocratiques ont tous réfléchi, d’une manière ou d’une autre, à la façon de structurer le pouvoir politique. Les idées de la modernité telles que les libertés individuelles, l’égalité, la citoyenneté et la démocratie impliquent une distribution particulière du pouvoir politique et un système de contrôle réciproque dont le but est d’empêcher la domination totalitaire. Ainsi la division classique des pouvoirs entre le législatif, l’exécutif et le judiciaire et les mécanismes de contrôle mutuels mis en place dans les régimes démocratiques visent à empêcher la concentration du pouvoir.
La théorie libérale du contrat social, qu’elle soit d’inspiration britannique ou française, implique que les individus abandonnent une parcelle de leur liberté pour acquérir plus de sécurité et des droits de citoyenneté garantis par l’État. Toutefois toute distribution du pouvoir, forcément inégalitaire, s’accompagne d’un système de légitimation qui doit permettre l’acceptation des règles du jeu et les formes de domination qui en découlent…
