J'étais arrivé en France. Je me trouvais maintenant devant l'entrée du métro, le cœur battant, et je m'apprêtais à m'y engouffrer. Soudain, un doute me vint. Je redéployai mon plan pour me repérer. Je devais me rendre dans la partie Est du métro, mais j'ignorai où je me trouvais exactement. De plus, le froid de la France me faisait prendre conscience que j'aurais dû écouter les conseils que l'on m'avait donné et me vêtir plus chaudement...
Je regardai longuement autour de moi, avant d'apercevoir un panneau qui montrait le métro dans son ensemble. Je mis plusieurs minutes avant de me repérer mais je finis par trouver mon emplacement.
- Besoins d'aide ? m'interpella voix derrière moi. Je me retournai et découvris une très belle jeune femme, les cheveux bruns ondulés et les yeux bleus, qui tenait une pile de cahiers dans son bras droit, sans doute car ils ne rentraient pas tous dans son sac à main. Je lui adressai un regard soulagé avant de lui répondre:
- Oui, si vous pouviez m'indiquer où se trouve la partie Est du métro, je dois aller dans mon nouvel établissement et je ne sais pas où il se trouve...
-Pas de problème! C'est l'Ecole Saint Antoine ?
-Oui, c'est ça;
- Eh bien, c'est aussi là que je vais, je vais vous accompagner.
-Merci beaucoup! répondis -je avec gratitude.
Je la suivis dans les escaliers, tout en me disant avec agacement que ce métro était un vrai labyrinthe et que ce serait bien compliqué pour les jours suivants de s'y retrouver...Nous tournâmes de nombreuses fois. Je tentai de retenir le trajet, peine perdue. Au bout de deux minutes, j'abandonnai. Je me débrouillerai pour rentrer...
Ma sauveteuse s'arrêta finalement devant une porte de métro et m'annonça avec un grand sourire:
- C'est là. Il faut prendre le métro jusqu'à la gare St Lazare, d'accord ?
J'acquiesçai, me rappelant ce que l'avais dit le directeur de l'école. Bon, je n'avais rien compris à ce moment là et j'aurais peut-être dû faire plus attention et lui avouer que je ne comprenais pas, mais c'était trop tard désormais.
Vingt minutes plus tard, nous descendions à la gare St Lazare, comme prévu. De là, nous prîmes ensembles le train pour Argenteuil. Dans notre wagon, il y avait une petite fille toute seule, qui avait l'air perdu.
-Tu es toute seule ? Lui demandai-je avec inquiétude.
-Je... J'ai perdu ma maman...
Sur ce, la pauvre petite éclata en sanglots, ce qui arracha ma compagne de voyage à son livre. Elle se précipita aussitôt auprès d'elle, et avec cet instinct maternel qu'ont la plupart des jeunes filles, et le pris dans ses bras. Elle lui posa doucement les questions que l'on pose dans ces circonstances.
Après quelques minutes, nous savions que sa maman était montée aussi dans le train, et que pendant qu'elle faisait la sieste, la petite s'était levée pour découvrir le train et s'était perdue. Nous décidâmes d'aller voir le contrôleur et de lui confier la fillette. Cinq minutes plus tard, une voix résonnait dans tout le train :
"Votre attention, s'il vous plait, Marie, cinq ans, s'est perdue dans le train. Nous demandons à sa maman de venir la chercher dans le premier wagon. Merci. "
Ce fut avec joie que nous vîmes une maman soulagée courir vers nous et serrer sa fille dans ses bras avant de nous remercier abondement. C'est donc avec une grande fierté que nous descendîmes du train à Argenteuil et que nous nous dirigeâmes vers la sortie.
Dès que je fus sorti, la lumière du jour m'éblouit quelques instants, puis mes yeux s'accoutumèrent à la luminosité et la jeune femme (qui s'appelait Lucie, je le savais désormais) me conduisit deux rues plus loin où je découvris un immense bâtiment, bien plus grands que ceux que j'avais fréquentés auparavant. De nombreux étudiants se précipitaient de tous côtés. Lucie rejoignit des amis et me laissa seul devant mon nouvel établissement.
Ah, si Marie voyait ça! J'aurais tant aimé vivre cette expérience avec elle. Enfin, c'était ainsi et je ne devais pas le regretter maintenant. C'était un nouveau commencement pour ma vie et je n'allai pas m'appesantir sur quelque chose qui aurait pu arriver, mais qui n'arrivera pas.
Je montai les marches quatre à quatre, pressé de découvrir ce qui serait le lieu où je passerai le plus de temps durant les trois prochaines années. Réalisant soudainement de l'heure qui l'était, je pressai le pas dans les couloirs, à la recherche de ma classe. Décidément, pensai-je, l'orientation n'était pas mon fort...