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slt.. aidez moi svp

Peut-on être sûr de bien agir??


Sagot :

Bonjour,

La notion de maîtrise si elle nous est familière n’en est pas moins ambigue. Pour la tradition philosophique, la maîtrise de soi c’est la domination de forces non rationnelles, comme le désir, sensations, les affects par la raison. Incontestablement, l’homme est habité par des forces dont il ne connaît pas l’origine et qu’il s’agira de domestiquer, d’organiser, de hiérarchiser, au service de son bien-être personnel, du bien-être social et au service d’une action efficace. Ces  forces domestiquées renvoient à la nature, à la vie, à dieu, à l’être. Il semblerait alors que le but même de l’humanité, soit de s’approprier ce jeu de forces pour devenir un être ignéd’humanité. Alors le "monstre", ou celui qu’on nomme tel, c’est celui qui est dépassé, dominé par ce jeu de forces. La faculté, qui réalise la maîtrise de ces forces se nomme la "raison". La raison engendrerait la maîtrise quand le jeu de forces qui nous habite est appelé la passion : c’est à dire ce que nous subissons avec une certaine passivité. Cependant, il est possible de concevoir un autre jeu de rapports de l’homme à la force et une autre signification de la maîtrise de soi.

Être sûr de bien agir ne consisterait plus à dominer de façon virulente et exigeante ces forces qui nous dépassent mais au contraire à assumer notre impuissance humaine à nous constituer maître de ce qui nous anime malgré nous. Ce type de maîtrise qui fait face à notre impuissance même peut s’appeler : "l’empire de soi".
La question "peut-on être sûr de bien agir" n’est pas simplement une question morale ou théorique, c’est un questionnement qui nous accompagne à chacun de nos actes et qui fait que nous pouvons finalement nous demander pourquoi nous agissons, avec quelles forces nous faisons les choses, ou de manière plus radicale pourquoi nous agissons plutôt que non ? Ainsi l’empereur Marc Aurele (stoïcien)pratiquait chaque soir un examen de conscience, ‘est à dire qu’il consultait son carnet pour vérifier qu’il avait bien fait dans la journée ce qu’il s’était promis de faire.

Il faut d’abord interroger la manière dont l’homme organise son pouvoir sur ses forces qui l’animent, ce qui impliquerait d’une certaine façon une dualité en l’homme. En effet, parler de bien agir n’implique-t-il pas que le soi soit une instance consciente ou inconsciente et que la source de la maîtrise supérieure est forcement gagnante en est une autre ? L’idée de bien agir n’implique-t-elle pas que le combat est déjà gagné par l’instance la plus forte ? La force ne nait-elle pas alors de la limite de l’agir ?

Cependant, cette définition ne comporte-t-elle pas une contradiction, en effet nous avons tendance à vouloir limiter ce que nous ne connaissons pas, ce qui nous fait peur, ce que nous n’assumons pas. Ainsi, le fait de bien agir comporterait tout les failles mêmes de la forteresse toujours dressée pour protéger une fragilité trop grande. Alors, bien agir ne serait plus signe de grandeur mais au contraire symptôme d’une forme d’aliénation et d’impuissance ? Cette tâche de l’agir ne consisterait pas à réprimer ses forces, à les refouler mais au contraire à laisser s’exprimer le soi.