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Sagot :
Introduction
Douter, c'est d'abord être dans une incertitude telle qu'elle nous fait hésiter sur le parti à prendre ou l'opinion à adopter. Quand je doute, je ne sais que faire ni penser, et mon jugement se trouve suspendu. Tout le temps que dure le doute en effet, ma volonté ne parvient pas à se décider : tant que je ne renonce à aucune des alternatives qui s'offrent à moi, c'est à l'acte même de juger que je renonce. Car enfin, juger, c'est affirmer ou nier, ce qui implique que ma volonté sorte de l'embarras du choix, tranche et se décide. Mais c'est précisément lorsque je veux m'assurer de bien choisir, c'est-à-dire de ne pas me tromper, que le doute s'empare de moi et me paralyse : je retiens mon jugement tant que me font défaut les raisons qui me permettraient de trancher. En ce sens donc, celui qui doute redoute par-dessus tout l'erreur et aspire à être dans le vrai, et c'est précisément parce qu'il ignore ce qu'il en est en vérité qu'il se met à douter. Le doute, loin de nous conduire à renoncer à la vérité, serait au contraire un passage obligé.
Cependant, lorsqu'un doute me saisit, je me trouve bien dans une situation telle que ce que je tenais pour vrai se trouve ébranlé : j'étais persuadé que c'était vrai, et je sais maintenant que c'est faux. Qui me dit alors qu'il n'en va pas de même pour toutes mes croyances ? Douter, n'est-ce pas alors désespérer de la vérité, c'est-à-dire désespérer qu'on puisse jamais l'atteindre ?
Mais quand le doute s'installe dans mon esprit, ne suis-je pas précisément en mesure de réformer ma pensée et de me défaire de mon erreur éventuelle, progressant ainsi vers le vrai ? C'est ici que le doute acquiert sa valeur proprement philosophique : d'une hésitation embarrassée dictée par la prudence, d'une incertitude subie qui attend de pouvoir se décider, il est en mesure de devenir non plus passif et indésirable, mais actif, convertissant ainsi le désespoir né de la découverte de l'erreur en quête décidée. En choisissant alors d'abandonner mes vérités et de les mettre en doute, il semblerait que, loin de désespérer d'accéder jamais au vrai, j'emprunte le chemin qui me permette de l'atteindre avec assurance.
Encore faut-il que la vérité ne m'apparaisse pas comme un vain mot, et l'accès à cette dernière comme une impossibilité : si le doute était en effet appelé à se prolonger, alors le désespoir deviendrait plus qu'une étape, car c'est à la vérité elle-même qu'il me faudrait renoncer. Enfin, lorsque le doute s'installe et perdure, lorsqu'il m'amène non pas à peser mon jugement et à examiner la validité de mes raisons, mais à renoncer à tout jugement, n'est-ce pas de la vérité qu'il désespère ? C'est en tout cas ce qu'il conviendra d'examiner.
Développement
Si douter, c'est jeter le soupçon sur la validité d'une affirmation: tout naturellement en effet, nous sommes bien plutôt enclins à ajouter foi à ce que nous voyons et pensons. Nos jugements se forment en prenant appui sur l'expérience du monde qui est la nôtre et, dans la mesure où ils prouvent leur efficacité et sont communément partagés, l'idée d'en douter et de suspendre la créance que nous leur accordons ne nous vient pas à l'esprit. Il y a dans cette attitude commune une confiance qui ne fait l'objet d'aucune interrogation, et qui est bien plutôt admise comme un fait allant de soi. Loin de désespérer de la vérité, par le doute je veux m'assurer de détenir la vérité, le doute n'est pas seulement un moyen parmi d'autres, mais le seul, absolument nécessaire, qui me permette d'arriver à cette fin.
Comment, en effet, départager le vrai du faux et le douteux du certain si je ne soumets pas mes propositions à l'examen ? Car enfin, qu'est-ce qui me prouve que mes pensées et mes perceptions elles-mêmes sont vraies ? il s'agit de douter pour écarter une bonne fois tout ce qui est douteux et reconstruire l'édifice des savoirs sur des fondations certaines.
Le doute est donc l'étape nécessaire de la fondation des savoirs : il n'a de sens qu'en tant qu'étape nécessaire certes, mais ponctuelle.
Conclusion :
Nous en sommes venus à renvoyer l'un à l'autre deux usages excessifs du doute : l'un, l'usage dogmatique, péchait par trop de confiance ; l'autre, l'usage sceptique, par trop de défiance. Certes, le doute ne serait pas une épreuve s'il ne s'accompagnait de désespoir. Mais c'est au cœur même de ce désespoir, au cœur même de l'expérience de l'erreur, que la vérité se manifeste à nous. Il n'est pas douteux que je me trompais : voilà qui est certain, voilà qui est un savoir incontestable. La vérité n'est pas ailleurs, la vérité n'est pas inaccessible : elle est présente absolument chaque fois qu'une erreur se dénonce comme telle, et voilà qui doit nous conduire à dépasser le désespoir.
Douter, c'est d'abord être dans une incertitude telle qu'elle nous fait hésiter sur le parti à prendre ou l'opinion à adopter. Quand je doute, je ne sais que faire ni penser, et mon jugement se trouve suspendu. Tout le temps que dure le doute en effet, ma volonté ne parvient pas à se décider : tant que je ne renonce à aucune des alternatives qui s'offrent à moi, c'est à l'acte même de juger que je renonce. Car enfin, juger, c'est affirmer ou nier, ce qui implique que ma volonté sorte de l'embarras du choix, tranche et se décide. Mais c'est précisément lorsque je veux m'assurer de bien choisir, c'est-à-dire de ne pas me tromper, que le doute s'empare de moi et me paralyse : je retiens mon jugement tant que me font défaut les raisons qui me permettraient de trancher. En ce sens donc, celui qui doute redoute par-dessus tout l'erreur et aspire à être dans le vrai, et c'est précisément parce qu'il ignore ce qu'il en est en vérité qu'il se met à douter. Le doute, loin de nous conduire à renoncer à la vérité, serait au contraire un passage obligé.
Cependant, lorsqu'un doute me saisit, je me trouve bien dans une situation telle que ce que je tenais pour vrai se trouve ébranlé : j'étais persuadé que c'était vrai, et je sais maintenant que c'est faux. Qui me dit alors qu'il n'en va pas de même pour toutes mes croyances ? Douter, n'est-ce pas alors désespérer de la vérité, c'est-à-dire désespérer qu'on puisse jamais l'atteindre ?
Mais quand le doute s'installe dans mon esprit, ne suis-je pas précisément en mesure de réformer ma pensée et de me défaire de mon erreur éventuelle, progressant ainsi vers le vrai ? C'est ici que le doute acquiert sa valeur proprement philosophique : d'une hésitation embarrassée dictée par la prudence, d'une incertitude subie qui attend de pouvoir se décider, il est en mesure de devenir non plus passif et indésirable, mais actif, convertissant ainsi le désespoir né de la découverte de l'erreur en quête décidée. En choisissant alors d'abandonner mes vérités et de les mettre en doute, il semblerait que, loin de désespérer d'accéder jamais au vrai, j'emprunte le chemin qui me permette de l'atteindre avec assurance.
Encore faut-il que la vérité ne m'apparaisse pas comme un vain mot, et l'accès à cette dernière comme une impossibilité : si le doute était en effet appelé à se prolonger, alors le désespoir deviendrait plus qu'une étape, car c'est à la vérité elle-même qu'il me faudrait renoncer. Enfin, lorsque le doute s'installe et perdure, lorsqu'il m'amène non pas à peser mon jugement et à examiner la validité de mes raisons, mais à renoncer à tout jugement, n'est-ce pas de la vérité qu'il désespère ? C'est en tout cas ce qu'il conviendra d'examiner.
Développement
Si douter, c'est jeter le soupçon sur la validité d'une affirmation: tout naturellement en effet, nous sommes bien plutôt enclins à ajouter foi à ce que nous voyons et pensons. Nos jugements se forment en prenant appui sur l'expérience du monde qui est la nôtre et, dans la mesure où ils prouvent leur efficacité et sont communément partagés, l'idée d'en douter et de suspendre la créance que nous leur accordons ne nous vient pas à l'esprit. Il y a dans cette attitude commune une confiance qui ne fait l'objet d'aucune interrogation, et qui est bien plutôt admise comme un fait allant de soi. Loin de désespérer de la vérité, par le doute je veux m'assurer de détenir la vérité, le doute n'est pas seulement un moyen parmi d'autres, mais le seul, absolument nécessaire, qui me permette d'arriver à cette fin.
Comment, en effet, départager le vrai du faux et le douteux du certain si je ne soumets pas mes propositions à l'examen ? Car enfin, qu'est-ce qui me prouve que mes pensées et mes perceptions elles-mêmes sont vraies ? il s'agit de douter pour écarter une bonne fois tout ce qui est douteux et reconstruire l'édifice des savoirs sur des fondations certaines.
Le doute est donc l'étape nécessaire de la fondation des savoirs : il n'a de sens qu'en tant qu'étape nécessaire certes, mais ponctuelle.
Conclusion :
Nous en sommes venus à renvoyer l'un à l'autre deux usages excessifs du doute : l'un, l'usage dogmatique, péchait par trop de confiance ; l'autre, l'usage sceptique, par trop de défiance. Certes, le doute ne serait pas une épreuve s'il ne s'accompagnait de désespoir. Mais c'est au cœur même de ce désespoir, au cœur même de l'expérience de l'erreur, que la vérité se manifeste à nous. Il n'est pas douteux que je me trompais : voilà qui est certain, voilà qui est un savoir incontestable. La vérité n'est pas ailleurs, la vérité n'est pas inaccessible : elle est présente absolument chaque fois qu'une erreur se dénonce comme telle, et voilà qui doit nous conduire à dépasser le désespoir.
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