L'histoire se construit autour du point de vue de Jay-Jay, garçon de 11 ans avant tout pragmatique. Très intelligent, il organise très vite sa survie et a toujours deux coups d'avance pour déjouer un système qui ne s'occupe pas de lui. Dans un premier temps, il s'installe en haut d'un arbre pour passer la nuit et fouille dans les poubelles pour trouver sa nourriture. Puis il vole des matériaux de construction pour se construire un véritable abri et cambriole un entrepôt pour avoir une nourriture plus consistante. Mais il garde certains principes : il s'abstient de voler de l'argent à sa portée et adopte Ombre quand il en a les moyens alimentaires.
Sa vie s'organise autour des péripéties obligatoires pour assurer son existence : il s'efface du système scolaire, organise des expéditions pour se loger et se nourrir, défend Mme Miller d'Elmo, est pris dans une course poursuite avec le drogué à travers les rues, mais il apprécie également son park, les arbres et les oiseaux, qui lui donne le sentiment de maîtriser sa vie.
Lorsqu'à la fin, Mme Miller lui propose de vivre avec lui donc lui offre finalement tout ce qu'un petit garçon comme lui pourrait rêver : un foyer aimant. Jay-Jay lui répond en l'adulte qu'il est devenu qu'il doit y réfléchir et qu'il doit également prendre son chien en compte. Nullement malheureux, en se débrouillant par lui-même dans tous les aspects de sa vie, il est devenu une personne sur laquelle on peut compter. On retrouve la noblesse qu'il a exprimé dans la scène du début, où il décide d'échapper à sa mère adoptive, accompagnée de la maturité que donne l'expérience.
La force du livre réside également dans la description des personnages, jamais manichéenne, toujours empreinte d'humanité dans les atrocités qu'ils font. Certes, la mère adoptive de Jay-Jay le frappe mais c'est sa manière tordue de lui exprimer son affection. Certes, Elmo s'attaque aux personnes âgées mais c'était un garçon rêveur, dont le rêve était de devenir paysagiste, qui s'est retrouvé pris dans la spirale de la drogue. Sans les dédouaner de leur action, ces détails nous aident à les comprendre.
