Voila la rédaction :
La journée avait pourtant bien commencé.
Henry s'était promené sur le pont pour profiter de l'air frais et courtiser quelques femmes.
C'était un homme élégant, de taille moyenne avec des yeux bleus. Il était toujours habillé en costume noir avec une cravate ; Henry aimait le vin, et les femmes. Surtout les femmes d'ailleurs.
Il adorait sortir s'amuser dans des soirées mondaines chiques et acheter des objets très chers.
Mais il prit un jour la – très mauvaise – décision d'embarquer à bord du Titanic, le 10 avril 1912, pour un voyage d'affaires.
Le soir du 14 avril, Henry partit se coucher, inconscient de ce qui allait se produire.
Quelques heures plus tard, à 23h40, il se réveilla en sursaut : le navire avait été secoué pendant quelques instants.
Alerté, il bondit hors de son lit et s'habilla avant de sortir dehors voir ce qu'il se passait.
Les membres d'équipage, totalement affolés, courraient partout sur le pont, hurlant des ordres incompréhensibles.
Henry comprit soudain que le navire avait du heurter un obstacle, un iceberg peut être.
Il alla voir un membre d'équipage pour lui poser des questions :
-Bon sang, mais qu'est ce qu'il se passe ici ? On a heurté un iceberg ?
-Monsieur, vous ne devez pas rester là, vous devez retourner dans votre cabine en attendant que nous vous donnions des informations.
Puis, l'air anxieux, le membre d'équipage se détourna.
De plus en plus inquiet, Henry retourna dans sa cabine en attente de la communication du commandant.
Quelques dizaines de minutes plus tard, le matelot à qui il avait parlé entra enfin dans sa chambre :
-Monsieur, je crains fort... Que le Titanic ne sombre. Nous avons heurté un iceberg, l'évacuation va bientôt commencer.
-L'évacuation ? Demanda Henry, abasourdi. Où sont les canots ? Il faut que j'en rejoigne un au plus vite.
Le matelot le regarda sombrement.
-Les femmes et les enfants partiront en premier, et malheureusement nous n'avons pas assez de canots. A moins d'un miracle, vous ne pourrez pas vous en sortir, je suis désolé.
Furieux, Henry l'apostropha :
-C'est facile à dire pour vous, votre canot est déjà prêt, votre survie est assurée !
-Les membres d'équipage n'auront pas de canot non plus, nous devons rester jusqu'au bout pour servir les passagers.
Le souffle coupé, Henry s'assit tandis que le membre d'équipage sortait de sa chambre.
Peu décidé à mourir, Henry décida de tout faire pour trouver un canot de sauvetage.
Malheureusement pour lui, toutes ses tentatives de corruption – le membre d'équipage qu'il tenta d'acheter lui rit au nez en lui disant qu'il allait mourir de toute façon – restèrent vaines. Il réussit néanmoins à récupérer un gilet de sauvetage.
Le Titanic sombrait inexorablement, et alors que le bateau se mettait à la verticale, Henry s'accrocha à la rambarde du navire avec l'énergie du désespoir.
Les secondes semblaient s'écouler lentement et rapidement à la fois, et Henry finit par lâcher prise.
Il vit toute sa vie défiler devant ses yeux alors qu'il tombait, tombait, tombait...
L'eau glacée lui fit l'effet d'une épée de glace plantée dans tout son corps.
Tétanisé par le froid, il regarda autour de lui et vit des passagers désespérés qui étaient en train de se noyer.
Le gilet de sauvetage d'Henry lui accordait un délai, mais pour combien de temps ? Et à quoi cela servirait, de toute façon ?
Au bout de plusieurs minutes dans l'eau, il commença à penser qu'il n'avait aucun espoir de survie.
Il ferma les yeux. Et lâcha prise.
Une heure plus tard, deux peut être, – quelle importance d'ailleurs ? – Henry vit une lueur au loin : un canot de sauvetage revenait sur les lieux du naufrage. Usant ses dernières forces, il hurla et fit des signes de la main. L'effort ayant été trop difficile, il s'évanouit de nouveau.
Le canot s'approcha d'Henry et les passagers le montèrent à bord.
-Il respire encore ! S'écria l'un d'eux.
-Il n'y a pas l'air d'avoir d'autres survivants, cela fait déjà longtemps que nous cherchons et nous n'avons trouvé qu'un petit nombre de personnes. Nous devrions partir, proposa un deuxième.
Les autres acquiescèrent.
Ils conduisirent le canot à bord d'un bateau qui passait dans les environs, avant de rejoindre New York.
Henry ouvrit les yeux, surpris d'être toujours en vie.
On lui annonça qu'il était l'un des rares passagers à avoir survécu dans l'eau.
N'ayant qu'un rhume et n'étant pas blessé, il put sortir de l'hôpital. Il n'alla évidemment pas à sa réunion et prit une chambre d'hôtel pour se reposer et revenir ensuite chez lui, en Angleterre.
Mais cette fois il vérifia bien que le navire avait assez de canots de sauvetage.
Fin