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Loupola
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Bonjour, j'aurai besoin d'aide pour ce sujet de dissertation.

La laideur peut elle être une source d’inspiration pour les poètes ?


Sagot :

Bonjour,

La laideur traduit aussi une profonde inquiétude et un malaise de l’auteur comme par exemple dans le poème Le Crapaud de Tristan Corbière "Bonsoir – ce crapaud-là, c’est moi". C’est un poète qui souligne le malaise de l’auteur tant face à sa propre laideur que face à la société qu’il effraie. Le crapaud inspire l’horreur, l’épouvante physique et morale, même chose chez Baudelaire : dans ses Remords posthume : "Et le ver rongera ta peau comme un remords" avec le jeu ver/vers. La tradition du malaise de l’auteur peut être fascinant pour le lecteur : il donne accès à l’inconnu mais représente aussi le miroir de soi-même. Le laid et surtout la laideur morale fascinent pas le goût de l’interdit et aussi parce qu’ils ont trouvé la solution aux peurs de Ronsard : "Pour ce aimez-moi cependant qu’êtes belle" (Amours) ; la beauté est éphémère. La laideur physique fascine par sa durée comme le pense Gainsbourg dans Aphorismes : "la laideur a ceci de supérieur à la beauté qu’elle ne disparait pas avec le temps". La beauté se conjugue au passé, la laideur beaucoup moins ! De là à dire que la laideur est belle… On peut parler de l’esthétique de la laideur…

Qu’est-ce que finalement que l’esthétique en poésie, si ce n’est pas plus la beauté que la laideur ?

Au-delà du laid ou du beau, au-delà du bien et du mal, le poète est là pour aider à percevoir ce que nous ne voyons pas, ce que le lecteur est incapable de percevoir dans la réalité. A l’instar de Rimbaud, le poète se fait "Voyant" comme l’annonce La Lettre à Paul Demeny. Il n’y a que le poète pour dépasser notre dégoût et percevoir derrière le crapaud un "rossignol dans la boue". Pour voir dans les yeux d’Elsa un monde aux multiples soleils, il n’y a qu’Aragon.

Bien vaste et inépuisable est la question de l’inspiration poétique. Au-delà des époques, des courants et des modes, la beauté et la laideur y tiennent une place indiscutable et la première ne peut exister, au bout du compte, sans l’autre. Bien qu’apparemment radicalement opposées, ces deux inspirations permettent au poète d’exercer son art. Qu’il fonde dans la tradition de l’esthétique du beau ou s’en démarque par la révolte du fond ou de la forme, ce dernier reste un "alchimiste du verbe", capable de découvrir les Fleurs … du Mal. Il ouvre ainsi le regard de son lecteur, non pas sur son propre monde, mais sur une réalité tout autre, sublimée, transfigurée par un langage snas cesse à réinventer. Avec le poète, le lecteur, délaissant laideur ou beauté en surface, peut enfin "plonger au fond du gouffre, enfer ou ciel, qu’importe ? Au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau" (Baudelaire, Le Voyage)

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