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Bonjour, si il y a des personnes qui on lut « Le rouge et le noir » de Stendhal , pourriez vous m’aidez à répondre à cette question sur Julien Sorel « Julien est t’il un individualiste? » Merci d’avance

Sagot :

Réponse :

Stendhal pensait écrire pour les happy few et pour la postérité. Le succès posthume rencontré par Le Rouge et le Noir ne semble pas l'avoir démenti. Dans ce roman publié pour la première fois en 1830, le lecteur suit le parcours de Julien Sorel, un jeune homme qui est bien décidé à s'élever au-dessus de sa condition. Les valeurs qui l'animent vont favoriser son ascension mais aussi précipiter sa chute. Tout au long de son roman, Stendhal cherche à éclairer son lecteur mais il veille à ne jamais l'ennuyer. Son style à la fois vif et précis lui permet de peindre une époque sans livrer un portrait froid et aride.

I. Le personnage et son époque

Des jalons discrets

• « Chronique du xixe siècle » et « chronique de 1830 » : les sous-titres de ce roman inspiré par des faits divers traduisent la volonté d'ancrer le récit dans une époque précise. Le chapitre XXII de la première partie s'intitule en outre « Façons d'agir en 1830 ». Il s'agit donc pour Stendhal d'explorer l'époque contemporaine. Il met d'ailleurs en scène un dialogue avec son éditeur, durant lequel ce dernier le pousse à inclure des éléments politiques dans quelques conversations, pour rendre le roman plus actuel et plus vraisemblable : « Si vos personnages ne parlent pas politique, reprend l'éditeur, ce ne sont plus des Français de 1830, et votre livre n'est plus un miroir, comme vous en avez la prétention… »

• Pour autant, Stendhal ne multiplie pas les indications chronologiques. Il se contente de quelques jalons pour montrer les liens qui unissent le héros du roman et la société dans laquelle il espère briller. C'est ainsi que Julien Sorel fait référence à un célèbre drame de Victor Hugo joué pour la première fois en février 1830 : « Ne laissons pas engager mon académicien, se dit Julien. Il s'approcha de lui comme on passait au jardin, prit un air doux et soumis, et partagea sa fureur contre le succès d'Hernani. » De même, un autre personnage évoque encore l'année 1830 dans le chapitre XXIII du livre second : « Quelles que soient les plaisanteries plus ou moins ingénieuses qui furent à la mode quand vous étiez jeune, je dirai hautement, en 1830, que le clergé, guidé par Rome, parle seul au petit peuple. »

Le portrait d'une société

• Il s'agit aussi, pour Stendhal, de peindre une société sans l'idéaliser. En ce sens, il s'inscrit bien à sa manière dans l'esthétique réaliste, même si le réalisme n'est pas encore théorisé. Il représente ainsi un monde dans lequel l'argent joue un rôle de plus en plus important. Tout au long du récit, nous respirons « l'atmosphère empestée des petits intérêts d'argent ». Le père de Julien brille ainsi par son avarice et se console de la mort de son fils parce qu'il pense en tirer un peu d'argent. M. de Rênal, quant à lui, rumine longtemps l'impression d'avoir été manœuvré par le charpentier lorsqu'il négocie la venue de Julien. La religion n'échappe pas à ce portrait critique. Quelques personnages sont certes des alliés précieux pour Julien Sorel, comme l'abbé Pirard, mais bien d'autres le déçoivent ou participent à sa chute. Les valeurs morales comptent alors moins que les valeurs matérielles.

• Le héros du roman comprend donc rapidement l'importance des apparences dans une société où le paraître l'emporte sur l'être. S'il ne se montre pas cupide, Julien Sorel comprends qu'il ne peut pas réaliser ses ambitions tout en restant pauvre. Ses relations avec les autres personnages dépendent de son statut et de l'image qu'il donne de lui. Elles peuvent même varier selon les vêtements qu'il porte, comme lorsque le marquis le traite « comme un égal » lorsqu'il endosse un élégant habit bleu, alors qu'il continue à lui parler avec hauteur lorsqu'il est vêtu de son habituel habit noir. Le nouveau nom qu'il reçoit à la fin du roman, en masquant ses origines, semble également le transfigurer. L'amour semble seul pouvoir atténuer les différences de classe, même si Julien Sorel reste souvent sourcilleux sur ce point. Mathilde de La Mole sacrifie ainsi le titre de duchesse que son père pouvait lui offrir par un mariage avantageux. Mme de Rênal oublie quant à elle le statut de Julien puisqu'« elle l'aim[e] mille fois plus que la vie et ne fai[t] aucun cas de l'argent ».

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