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Sagot :
Voici le texte si je ne me suis pas tromper bonne lecture ;)
BRIFAUT (fabliau du XIIIe siècle)
L'envie me prend de vous raconter l'histoire d'un vilain riche et ignorant, qui courait les marchés d'Arras à Abbeville: je commence, si vous voulez bien m'écouter. [...] Le vilain s'appelait Brifaut. Il s'en allait donc un jour au marché. Il portait sur son dos dix aunes de fort bonne toile, qui lui frôlait les orteils par devant et traînait au sol par derrière. Un voleur le suivait, qui inventa une belle duperie. Il enfile une aiguille, soulève la toile de terre et la tient serrée tout contre sa poitrine; il la fixe sur le devant de sa chemise et se colle au vilain dans la foule. Brifaut est pressé de toutes parts et notre larron tant le pousse et le tire qu'il le jette par terre. La toile lui échappe. Le voleur l'attrape et se perd au milieu des autres vilains. Quant Brifaut se voit les mains vides, il est submergé de colère et se met à crier de tous ses poumons: « Mon Dieu! Ma toile, je l'ai perdue! Ma dame sainte Marie, à l'aide! Qui a ma toile? Qui l'a vue? » La toile sur le dos, le voleur s'arrête et, prenant l'autre pour un sot, vient se planter devant lui et dit: – De quoi te plains-tu, vilain? – Seigneur, je suis dans mon droit, car je viens d'apporter ici une pièce de toile, que j'ai perdue. – Si tu l'avais cousue à tes vêtements comme j'ai fait avec la mienne, tu ne l'aurais pas perdue en chemin. Et il s'en va sur ce, sans en dire plus. De la toile il fait ce qu'il veut, car chose perdue n'a plus de maître. Brifaut n'a plus qu'à rentrer chez lui. Sa femme l'interroge, s'informe des deniers. – Ma mie, fait-il, va au grenier chercher du blé et vends-le, si tu veux avoir de l'argent, car en vérité je n'en rapporte goutte. – Ah non, fait-elle, puisse une crise de goutte te terrasser sur l'heure! – C'est belle chose à me souhaiter, ma mie, pour me faire encore plus grande honte! – Mais, par la croix du Christ, qu'est devenue la pièce de toile? – Je l'ai perdue, fait-il, c'est vrai. – Et tu en as menti! Que la mort subite t'emporte! Filou de Brifaut, tu me l'as brifaudée! Tu en as le gosier et la panse encore bien chauds, ah bâfrer à pareil prix! Ah, je te déchirerais à belles dents! – Ma mie, que la mort m'emporte et que Dieu me foudroie, si je ne te dis pas la vérité! Aussitôt, la mort l'emporta et sa femme fut dans de plus mauvais draps encore, tant elle rageait et enrageait. Son mari décédé, la malheureuse lui survécut dans le chagrin le plus extrême.[...] Ici se termine notre histoire.
BRIFAUT (fabliau du XIIIe siècle)
L'envie me prend de vous raconter l'histoire d'un vilain riche et ignorant, qui courait les marchés d'Arras à Abbeville: je commence, si vous voulez bien m'écouter. [...] Le vilain s'appelait Brifaut. Il s'en allait donc un jour au marché. Il portait sur son dos dix aunes de fort bonne toile, qui lui frôlait les orteils par devant et traînait au sol par derrière. Un voleur le suivait, qui inventa une belle duperie. Il enfile une aiguille, soulève la toile de terre et la tient serrée tout contre sa poitrine; il la fixe sur le devant de sa chemise et se colle au vilain dans la foule. Brifaut est pressé de toutes parts et notre larron tant le pousse et le tire qu'il le jette par terre. La toile lui échappe. Le voleur l'attrape et se perd au milieu des autres vilains. Quant Brifaut se voit les mains vides, il est submergé de colère et se met à crier de tous ses poumons: « Mon Dieu! Ma toile, je l'ai perdue! Ma dame sainte Marie, à l'aide! Qui a ma toile? Qui l'a vue? » La toile sur le dos, le voleur s'arrête et, prenant l'autre pour un sot, vient se planter devant lui et dit: – De quoi te plains-tu, vilain? – Seigneur, je suis dans mon droit, car je viens d'apporter ici une pièce de toile, que j'ai perdue. – Si tu l'avais cousue à tes vêtements comme j'ai fait avec la mienne, tu ne l'aurais pas perdue en chemin. Et il s'en va sur ce, sans en dire plus. De la toile il fait ce qu'il veut, car chose perdue n'a plus de maître. Brifaut n'a plus qu'à rentrer chez lui. Sa femme l'interroge, s'informe des deniers. – Ma mie, fait-il, va au grenier chercher du blé et vends-le, si tu veux avoir de l'argent, car en vérité je n'en rapporte goutte. – Ah non, fait-elle, puisse une crise de goutte te terrasser sur l'heure! – C'est belle chose à me souhaiter, ma mie, pour me faire encore plus grande honte! – Mais, par la croix du Christ, qu'est devenue la pièce de toile? – Je l'ai perdue, fait-il, c'est vrai. – Et tu en as menti! Que la mort subite t'emporte! Filou de Brifaut, tu me l'as brifaudée! Tu en as le gosier et la panse encore bien chauds, ah bâfrer à pareil prix! Ah, je te déchirerais à belles dents! – Ma mie, que la mort m'emporte et que Dieu me foudroie, si je ne te dis pas la vérité! Aussitôt, la mort l'emporta et sa femme fut dans de plus mauvais draps encore, tant elle rageait et enrageait. Son mari décédé, la malheureuse lui survécut dans le chagrin le plus extrême.[...] Ici se termine notre histoire.
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