Le cloître vient du mot clôture, c'est-à-dire un espace clos. Il s'agit, en fait, d'une sorte de second mur d'enceinte après le mur général qui protège l'abbaye apparu ici au XIIème siècle avec l'abbé Victor. Il s'agit de galeries, couvertes par un toit en appentis à faible pente, conçues avec des colonnes sur lesquelles on trouve des chapiteaux décorés. Au centre de ces galeries, on trouvait un espace à l'air libre.Cette fois-ci, cette clôture est symboliquement "infranchissable" : le cloître est strictement réservé aux moines. C'est un espace fermé et carré qui possède d'abord une fonction de circulation et de desserte des différents lieux centraux du monastère. Ainsi, jusqu'au XVIIIème siècle, la galerie orientale du cloître était le passage obligé entre le dortoir et l'église en entrant par la porte des Matines.Mais cette forme carrée et fermée permet aussi un recentrage vers l'intérieur de l'abbaye et ainsi de s'écarter du monde (du siècle) : les moines peuvent ainsi se centrer sur la présence de Dieu et méditer.Le cloître a été pendant longtemps un lieu de rassemblement après le repas du soir pour écouter une lecture sainte (les collationes = conférences) et pour réciter l'office de complies. A partir du IXème siècle, cette dimension prenant de plus en plus d'importance avec la règle de Saint-Benoît, on décida de créer une pièce réservée à cet usage : la salle capitulaire.Le cloître, puisqu'il est situé sur le flanc de l'église, permet aussi de prolonger la liturgie en dehors de l'espace de l'église. Par exemple, il était courant de procéder au lavage de pieds pour revivre le geste du Christ lors du Jeudi Saint.Par l'importance qu'il revêt le cloître est souvent très soigné et décoré : on y trouve souvent les débuts de la statuaire gothique.Le cloître est donc en quelque sorte une reconstitution symbolique du monde. il constitue l'intermédiaire entre le monde sacré et le monde profane.
