On était lundi. J'avais toujours détesté les lundi, car c'était le début d'une semaine d'école et la fin d'un weekend. Nous étions à la cantine, il était 13h37, je m'en souvenais grâce à l'horloge fixée sur le mur en face de moi. Nous mettions toujours longtemps à arriver étant donné que les quatrièmes étaient troisièmes sur la liste de passage qu'ont les surveillants, juste après les lycéens, les sixièmes et les cinquièmes.
J'étais juste à côté de Laure, ma meilleure amie. Je regardais le repas qui avait l'air vraiment peu ragoûtant, comme d'habitude, lorsque cela se produisit. Mon assiette disparut et fut remplacée par des frites et un steak, en l'espace d'une fraction de secondes. J'ai hurlé, évidement. Je n'en croyais pas mes yeux. Comment était-ce possible ? Je n'en savais rien. Avec hésitation, j'ai pris ma fourchette et je l'ai planté dans une frite. Cela avait l'air vrai, mangeable. Mais comment ? me demandai-je. Je portai avec précaution la fameuse frite à ma bouche. Étrangement.. C'était bien une frite. De la nourriture. Lorsque Laure tourna sa tête vers moi et aperçu mon assiette, elle me regarda fixement, ébahie. Elle non plus ne semblait pas en croire ses yeux. Elle avait bien vu que quelqu'un secondes auparavant, mon repas était composé de la même bouillasse brune que le sien. Elle ne semblait plus être capable de dire le moindre mot, et je contemplai avec elle mon plateau repas, toute aussi stupéfaite qu'elle.
Au bout d'une dizaine de minute, je souhaitai intensément que ce plat disparaisse, et vite, afin d'éviter que tout le monde ne se mette à me regarder de la même façon que Laure, moi la fille timide que personne ne regarde jamais. Et l'assiette en question disparut. Sans laisser aucune trace. Elle fut aussitôt remplacée par notre bonne bouillie faite-cantine...
Laure battit des paupières, comme désorientée. Je n'étais pas sûre de ce qui venait de se passer, et je me mettais même à douter de ma propre santé mentale. Toutefois, Laure ne fit jamais aucune allusion à se repas mystère, et je me gardai bien de le lui rappeler par la suite.
