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Sagot :
Voici les extraits du texte où tu vas trouver tout ce qu'il te faut pour répondre à la question:
Là, après de brèves formalités, on leur délivra un
papier pompeusement timbré qui officialisait leur qua-
lité de colons. On leur assigna deux hectares de forêt,
deux machettes, des bêches, quelques mesures de
semences dévorées par les charançons, et la promesse
d'une aide technique qui ne vint jamais. …………………
A voir couler le Nangaritza, on pouvait penser que
le temps avait oublié ces confins de l'Amazonie, mais
les oiseaux savaient que, venues de l'occident, des
langues puissantes progressaient en fouillant le corps
de la forêt.
D'énormes machines ouvraient des routes et les
Shuars durent se faire plus mobiles. Désormais, ils ne
demeuraient plus trois ans de suite sur le même lieu
avant de se déplacer pour permettre à la nature de se
reformer. A chaque changement de saison, ils démon-
taient leurs cabanes et reprenaient les ossements de
leurs morts pour s'éloigner des étrangers qui s'instal-
laient sur les rives du Nangaritza.
Les colons, attirés par de nouvelles promesses d'éle-
vage et de déboisement, se faisaient plus nombreux. Ils
apportaient aussi l'alcool dépourvu de tout rituel et, par
là, la dégénérescence des plus faibles. Et, surtout, se
développait la peste des chercheurs d'or, individus sans
scrupules, venus de tous les horizons sans autre but que
celui d'un enrichissement rapide………………….
Un jour qu'il s'activait à la construction d'une piro-
gue dont il voulait que la résistance soit à toute épreuve,
il entendit une explosion qui venait d'un bras du fleuve,
et ce fut le signal qui accéléra son départ.
Il courut jusqu'au lieu d'où provenait le bruit et y
trouva un groupe de Shuars en pleurs. Ils lui montrèrent
la masse des poissons morts qui flottaient à la surface
et le groupe d'étrangers sur la plage qui pointaient leurs
armes à feu.
C'était un groupe de cinq aventuriers qui avaient fait
sauter le barrage de retenue d'une frayère pour prati-
quer un passage dans le courant.
Tout alla très vite. Rendus nerveux par l'arrivée des
Shuars, les Blancs tirèrent, touchèrent deux indigènes
et prirent la fuite dans leur embarcation. ………………….
Les indiens= L'un était mort, la tête arrachée par la balle presque
à bout portant, et l'autre agonisait, la poitrine ouverte.
Colons ou chercheurs d'or, tous commettaient dans
la forêt des erreurs stupides. Ils la dévastaient sans pren-
dre la moindre précaution et, du coup, certains animaux
devenaient féroces.
Parfois, pour gagner quelques mètres de terrain, ils
déboisaient n'importe comment, laissant sans gîte un
gypaète qui se rattrapait en leur tuant une mule, ou alors
ils faisaient l'erreur d'attaquer les pécaris à collier à
l'époque de la reproduction, ce qui transformait ces
petits sangliers en monstres redoutables.
Et puis il y
avait les gringos venus des installations pétrolières.
Ceux-là arrivaient en bandes bruyantes, avec assez
d'armes pour équiper un bataillon, et pénétraient dans
la jungle prêts à tirer sur tout ce qui bougeait. Ils
s'acharnaient sur les jaguars sans se préoccuper de
savoir s'il s'agissait de petits ou de femelles enceintes,
puis ils se photographiaient devant des douzaines de
peaux clouées sur des planches, avant de repartir.
Les gringos s'en allaient, les peaux restaient à pourrir
jusqu'à ce qu'une main charitable les jette dans le
fleuve, et les jaguars survivants se vengeaient en étri-
pant des bœufs faméliques.
Antonio José Bolivar essayait de mettre des limites
à l'action des colons qui détruisaient la forêt pour édi-
fier cette œuvre maîtresse de l'homme civilisé : le
désert.
Mais les animaux se faisaient rares. Les espèces sur-
vivantes devenaient plus rusées et, à l'exemple des
Shuars et d'autres cultures amazoniennes, les bêtes
s'enfonçaient à leur tour dans les profondeurs de la
forêt, en un irrésistible exode vers l'orient.
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